Selon les karaïtes, la foi originelle de la Torah écrite remonte à son récit originel lors de sa révélation au peuple juif sur le mont Sinaï. A partir de la période du Second Temple, l’histoire du peuple juif est marquée par l’apparition de diverses sectes religieuses, dont le judaïsme pharisien, qui ont contesté l’autorité de la Torah écrite. Cette période s’étend de la reconstruction du Second Temple de Jérusalem en 516 avant notre ère jusqu’à sa destruction par les Romains en l’an 70 de notre ère.
Durant la période du Second Temple, les instances juives religieuses dirigeantes de Judée étaient historiquement focalisées sur le clergé du temple de Jérusalem, qui jouait un rôle central dans les pratiques religieuses et la vie communautaire des Juifs.
Cependant, à partir du VIème siècle avant notre ère, de nouvelles formes d’interprétation de la loi juive ont commencé à émerger, notamment celles du judaïsme pharisien, qui remettaient en cause l’autorité de la Bible hébraïque telle qu’elle était comprise et enseignée à l’époque.
Le judaïsme pharisien était connu à l’époque pour son interprétation souple et flexible de la loi juive, qui autorisait des pratiques et des traditions qui étaient considérées comme illégitimes par d’autres sectes juives, telles que les Saducéens et les Esséniens. Cette divergence d’opinions a finalement conduit à des conflits religieux et politiques entre les différentes sectes juives. Flavius Joseph, historien juif relate, décrit et analyse ces évènements dans ses écrits.
Les pharisiens, fondateurs du judaïsme rabbinique, apparaissent dans l’histoire à partir du IIème siècle avant notre ère, d’abord en tant que groupe minoritaire puis se sont structurés jusqu’au VIème siècle . Durant cette période, encore une majorité du peuple d’Israël continua encore à suivre fidèlement la Bible hébraïque.
En 70 de l’ère commune, les Romains détruisirent le temple de Jérusalem et supprimèrent de fait le rôle des prêtres et leur influence. Il fut alors décidé par les pharisiens de codifier une tradition orale de la Torah dans la Mishna, sur laquelle s’élabora la Tossefta, puis la Guemara.
Avec le soutien politico-religieux romain, les pharisiens ont reformé le judaïsme originel initialement centré sur les prêtres du temple de Jérusalem. Selon la doctrine pharisienne, il existerait deux lois divines simultanément données sur le Sinaï : la Torah, Loi écrite (Torah, Tanakh) et la loi orale, le talmud ( la mishna et la guemara). Ainsi, Pour les pharisiens, la Torah écrite ne pourrait être comprise sans la Torah orale. La Torah Orale disposerait donc du même caractère divin que la Torah écrite.
Les prêtres du temple de Jérusalem ont toujours contesté la torah orale, ne la considérant que comme un ensemble de traditions folkloriques écrites et imaginés par des rabbins et sans valeur normative. Ces divergences ont pris rapidement une tournure politico-religieuse. Les prêtres et leurs membres ont formé le parti des sadducéens, tandis que les rabbins et leurs partisans étaient les pharisiens. Il existait également d’autres sectes aux cotés des sadducéens et de pharisiens, dont les esséniens et les zélotes.
Les causes de divisions entre ces courants sont des différences d’interprétation du texte biblique, ainsi que le rapport à une loi orale parallèle et supposée concomitante de la Torah Ecrite nommée Torah Orale
Des premiers signes formels d’apparition du karaïsme sont liés à des ouvrages liturgiques et des recueils de chants datant des années 348, 359 et 437 après JC. Aussi, un décret sous forme de lettre du premier gouverneur islamique d’ Egypte, Amr ibn al-As, datant de 641, ordonne aux responsables de la communauté pharisienne /rabbinique de ne pas s’immiscer dans le mode de vie des « Qara’im » ( « Karaïtes »), ni avec la façon dont ils célèbrent leurs fêtes. Au fil du temps, les différents mouvements juifs anti-talmudiques du Moyen Âge adhèrent au karaïsme. Au VIIIe siècle en Perse, Anan ben David exilarque juif du VIIIe siècle en Perse et chef de la communauté juive de Babylonie, qui était l’un des centres les plus importants du judaïsme à l’époque, a réformé et consolidé le mouvement karaïte en opposition à la tradition rabbinique, affirmant ainsi la primauté de la Torah écrite.
Entre le 7ème et 8ème après JC siècle, le karaïsme finit par réunir tous les juifs n’adhérant pas au Talmud, la loi orale et ne s’apparentant pas au judaïsme pharisien. Ensuite il se développe progressivement pour représenter environ la moitié de la population juive au 11ème siècle après JC. Il devient alors un courant juif puissant et devient le seul courant en opposition avec le judaïsme pharisien. Vers la fin du XIe siècle, le karaïsme avait des membres dans la plupart des communautés juives du monde arabo et de l’Empire byzantin : dans les parties orientales du califat, en Israël, en Égypte, en Afrique du Nord, en Espagne et en Asie Mineure.
Benjamin Siahou