Le Codex Cairensis, aussi appelé Codex Prophetarum Cairensis ou Codex du Caire des Prophètes, est l’un des plus anciens manuscrits hébraïques connus contenant le texte des Nevi’im (les livres prophétiques). Son histoire est intimement liée à la communauté karaïte, qui l’a préservé malgré les épreuves du temps.
Un manuscrit exceptionnel
D’après son colophon, le codex aurait été achevé par Moshe ben Asher à Tibériade en 895 EC. Il est l’un des rares manuscrits anciens portant une datation explicite. Toutefois, des analyses au carbone 14 suggèrent qu’il pourrait avoir été recopié ou modifié au XIe siècle.
Dès son origine, ce précieux texte a été offert à la communauté karaïte de Jérusalem, qui en a assuré la conservation jusqu’à un tournant tragique : la Première Croisade de 1099. Lors de la prise de Jérusalem par les Croisés, il fut saisi comme butin et perdit temporairement son lien avec ses gardiens d’origine.
Un retour sous protection karaïte
Malgré cette confiscation, le Codex ne disparut pas. La communauté karaïte du Caire parvint à le racheter et à le ramener en Égypte, où il fut conservé pendant des siècles. Il trouva sa place dans la synagogue karaïte Moses al-D’ari, située à Abbasseya, un quartier du Caire.
Sa présence au sein de la communauté égyptienne témoigne du soin et du respect que les Karaïtes ont toujours eu pour la préservation des textes sacrés. Contrairement à d’autres manuscrits anciens, dispersés ou perdus, celui-ci resta entre les mains de ceux qui lui avaient donné sa première demeure
Son arrivée en Israël et sa préservation
En 1983, lors d’une vague d’émigration de Juifs karaïtes vers Israël, la question de la protection du Codex s’est posée. La communauté, consciente de l’importance de ce manuscrit, s’est organisée pour garantir sa préservation. Avec l’appui de l’Université hébraïque de Jérusalem, un cadre sécurisé a été mis en place pour assurer sa conservation.
Aujourd’hui, le Codex du Caire est protégé dans une pièce sécurisée, avec un document attestant de sa propriété karaïte. Ce manuscrit n’est pas qu’un simple vestige du passé : il représente un lien vivant avec l’héritage intellectuel et spirituel des Karaïtes à travers les âges.
Sa préservation témoigne de la volonté de la communauté de garder intacte son histoire, et de continuer à transmettre son savoir aux générations futures.
Benjamin S