Pessa’h

Pessa’h (פֶּסַח, Pessa’h) est l’une des trois fêtes de pèlerinage prescrites par la Bible hébraïque. Elle commémore à la fois l’Exode hors d’Égypte et le début de la moisson de l’orge, qui ouvre traditionnellement le cycle agricole annuel.

La fête commence le 14 nissan au soir, à la tombée de la nuit — ce qui correspond, selon les années, à la fin mars ou à avril dans le calendrier grégorien. Elle dure sept jours en terre d’Israël (huit en diaspora selon le judaïsme rabbinique orthodoxe), dont seuls les premiers et les derniers sont entièrement fériés.
Pessa’h inaugure aussi la période du compte de l’omer, qui conduit à la fête de Chavouot.

Deux célébrations bibliques réunies dans Pessa’h

La fête actuelle réunit en réalité deux prescriptions distinctes de la Torah :

1. L’offrande pascale — Korban Pessa’h

Il s’agit du sacrifice d’un agneau d’un an, sans défaut, offert par les chefs de famille au soir du 14 nissan.
Ce rituel est prescrit pour la première fois avant la dixième plaie d’Égypte, afin de protéger les foyers israélites :

• le sang de l’agneau, posé sur les linteaux, devait servir de signe ;

• l’ange destructeur « passera au-dessus de vous » (oufassah’ti alekhem) ;

• la viande est consommée rôtie, avec des pains azymes (matzot) et des herbes amères (maror).

2. La fête des Azymes — Hag Hamatzot

Prescrite parallèlement pour commémorer la sortie d’Égypte, elle dure sept jours. Durant cette période :

• seul le pain azyme peut être consommé ;

• tout levain (hametz) doit être éliminé du foyer ;

• les jours 1 et 7 sont des convocations saintes (miqra qodesh).

Distinction entre Pessa’h et Hag Hamatzot

Bien que souvent confondues, les deux fêtes sont distinctes dans la Torah :

• Pessa’h, célébrée le 14 au soir, évoque la délivrance d’Égypte.

• Hag Hamatzot, observée du 15 au 21 nissan, est liée au cycle agricole, notamment à la germination de l’orge.

S’y rattachent :

• l’offrande de l’omer, prélevée sur les prémices de la nouvelle récolte ;

• le décompte des sept semaines (sefira), menant à Chavouot.

Pessa’h chez les Juifs karaïtes

Les Juifs karaïtes observent Pessa’h conformément aux prescriptions bibliques, sans les développements liturgiques rabbiniques.

Voici les principales spécificités :

Signification

• Pessa’h est considéré comme le « jour de l’indépendance » du peuple juif.

Pratiques alimentaires

• Ils mangent agneau, matzot et herbes amères le premier soir.

• Ils ne suivent pas le seder rabbinique.

• Ils ne boivent pas de vin mais du jus de raisin.

• Ils vident leur maison de tout aliment fermenté.

Préparation

• Grande importance accordée au nettoyage du domicile.

• Fabrication rigoureuse des matzot maison.

Rites

• Ils ne pratiquent pas le jeûne des premiers-nés (Ta’anit Bechorot).

• Ils distinguent clairement Pessa’h et Hag Hamatzot.

• Ils commencent le compte de l’omer le lendemain du Chabbat qui suit Pessa’h, et non le 16 nissan.

La Haggada karaïte

Les Karaïtes disposent d’une Haggada spécifique, composée uniquement de passages bibliques, sans commentaires rabbiniques.
Elle raconte l’histoire de Pessa’h et les dix plaies d’Égypte, conformément aux textes suivants :

Les dix plaies dans la Haggada karaïte

1. Les eaux du Nil changées en sang
   Exode 7,14-25

2. Les grenouilles
   Exode 8,1-25

3. Les moustiques / poux
   Exode 8,16-19

4. Les mouches
   Exode 8,20-32

5. La mort des troupeaux
   Exode 9,1-7

6. Les furoncles
   Exode 9,8-12

7. La grêle
   Exode 9,13-35

8. Les sauterelles
   Exode 10,13-14

9. Les ténèbres
   Exode 10,21-29

10. La mort des premiers-nés
    Exode 12,29-30