Aux Origines du codex
Le Codex d’Alep, en hébreu כֶּתֶר אֲרָם צוֹבָא Keter Aram Tsova, est la plus ancienne version manuscrite connue de la Bible hébraïque selon la massora tibérienne. Il aurait été écrit entre 910 et 930 de notre ère.
Le codex a été conservé pendant cinq siècles dans la synagogue centrale d’Alep , jusqu’à ce que la synagogue soit incendiée lors d’ émeutes antijuives en 1947 . Le sort du codex au cours de la décennie suivante n’est pas clair : lorsqu’il a refait surface en Israël en 1958, environ 40 % du manuscrit, y compris la majorité de la section de la Torah , manquait à l’appel et seules deux feuilles supplémentaires ont été récupérées depuis. alors. La supposition originale que les pages manquantes ont été détruites dans l’incendie de la synagogue a été de plus en plus contestée, alimentant la spéculation qu’elles survivent entre des mains privées.
le livre a été dédié, vers le milieu du xie siècle, à la communauté karaïte de Jérusalem par le karaïte Yisrael Ben Simha, de Bassora (Irak actuel).
Un trésor karaite
Selon les indications laissées dans les dernières pages du codex, ses consonnes auraient été copiées par un scribe du nom de שלמה בן-בויאעא Shlomo ben Bouya’a dans la région de Tibériade aux alentours de 920. Le texte fut ensuite vérifié, vocalisé, et doté de notes massorétiques par Aharon ben Moshe ben Asher.
Une grande partie de la littérature massorétique est l’œuvre de Karaïtes.
Saadia Gaon, adversaire reconnu du karaïsme, a polémiqué avec Ben Asher au sujet de la prononciation de trois mots hébraïques et d’autres considérations grammaticales.
Les épithètes attribués à Ben Asher dans le colophon du codex d’Alep (Hakham, seigneur des scribes, père des sages et premier des enseignants) se retrouvent presque exclusivement chez les Karaïtes.
Le codex est devenu la propriété de la communauté karaïte de Jérusalem vers le milieu du XIème siècle. Il était conservé dans la synagogue Anan Ben David.
D’autres écrits, notamment le Ta’amei HaDikdoukim, comportent des conceptions spécifiques aux karaïtes, notamment sur le statut des Livres prophétiques au sein des Écritures. Par ailleurs, Ben Asher emploie fréquemment, à l’instar des Karaïtes, le mot et la notion de heikesh (déduction par analogie).
Le Shirat Geffen de Moshe ben Asher comporte de nombreuses similitudes avec la littérature karaïte. Par conséquent, lui et son fils Aharon étaient des Karaïtes.
Croisades à Jérusalem et voyage du Codex
À la suite de la destruction du centre karaïte de Jérusalem au moment de la première croisade, le livre se retrouve en Égypte dans des circonstances inconnues, peut-être après le paiement d’une rançon aux croisés (ce type de manuscrit avait déjà une énorme valeur). C’est là qu’il a été probablement utilisé par Maïmonide (celui-ci décrit, dans son Mishneh Torah, un livre de 24 rouleaux, revu par Aharon ben Moshe ben Asher, et qui venait de la terre d’Israël ; une telle description correspond parfaitement au codex).
La communauté d’Alep, propriétaire du codex, possède une tradition, selon laquelle il aurait appartenu à Maïmonide. Consignée pour la première fois au xve siècle, elle est basée sur le témoignage de Saadia Adani, contemporain de Maïmonide. L’hypothèse selon laquelle le codex a été utilisé par Maïmonide est donc fortement probable. Le docteur Yosef Ofer conclu que le livre est bien celui mentionné par Maïmonide.
D’Égypte, le codex aurait gagné Alep (Syrie actuelle), peut-être vers la fin du xive siècle, où il est resté jusqu’au xxe siècle.
Retour en Israel
Le 2 décembre 1947, lors des émeutes anti-juives qui font suite à la décision de l’ONU de créer un État juif sur une partie de la Palestine, le codex conservé dans la grande synagogue d’Alep (en) a été jeté au sol et éparpillé. Malgré ce qui est souvent dit, on n’a pas trouvé de trace de feu, mais une partie des pages ont disparu, sans doute emmenées par des émeutiers ou par des membres de la communauté. Il est possible qu’elles aient brûlé, mais le reste du codex ne porte pas de trace de flamme. Le codex restant, caché par des juifs d’Alep pendant une dizaine d’années, est envoyé de Syrie en Israël en 1958.
Il s’agit du second codex le plus important après celui de Leningrad, certainement rédigé sur la base de celui d’Alep
Le codex est inscrit le sur la liste des biens culturels du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Toutefois, une page manquante a été restituée en 1982 par une famille juive de Syrie émigrée aux États-Unis, laissant espérer de retrouver un jour d’autres morceaux du manuscrit, d’autant qu’un autre fragment a refait surface en 2007