Le karaïm, une langue juive turco-orientale riche et fascinante, se distingue par sa persistance à travers les siècles et les péripéties de l’histoire. Née au sein de la communauté juive karaïte d’Europe de l’Est, cette langue a connu de nombreuses évolutions au gré des migrations de ses locuteurs en Crimée, Lituanie, Pologne et Ukraine.
De nos jours, le karaïm est parlé par environ 500 personnes à travers le monde, dont une cinquantaine pour le dialecte de Trakai en Lituanie. L’indépendance du pays a favorisé un certain renouveau culturel, avec l’émergence de musées et restaurants, qui pourraient permettre à cette langue rare de résister et de survivre
Les quelques dizaines de karaïtes en Lituanie, Pologne, Crimée et Galicie continuent de préserver les trois dialectes principaux de cette langue, ceux de Crimée, Trakai/Vilnius et de Lituanie. Malheureusement, tous sont menacés d’extinction. Le dialecte lituanien du karaïm est principalement parlé à Trakai (également connu sous le nom de Troki) par une petite communauté établie depuis le 14ème siècle.
Le karaïm est utilisé dans la littérature juive karaïte et dans la pratique religieuse, notamment par le biais de chants. Récemment, cette langue a connu un regain d’intérêt académique en Europe de l’Est et en Russie, où elle est désormais dotée de son propre dictionnaire et de règles de grammaire. Bien qu’elle s’écrive généralement en alphabet cyrillique, le dialecte de Trakai utilise l’alphabet latin, et l’alphabet hébraïque est également employé.
La langue karaïm est fortement imprégnée de terminologie religieuse arabe, témoignant des origines moyen-orientales de la culture karaïte (Zajaczkowski 1961). Les premières influences sur le lexique du karaïm proviennent de l’arabe et du persan, tandis que les langues russe, ukrainienne et polonaise ont apporté une contribution significative au lexique des karaïtes vivant en Russie, Ukraine, Pologne et Lituanie, plus tard dans l’histoire.
Avant la révolution russe, le karaïm était encore parlé par certaines familles karaïtes, tandis que le russe était la langue privilégiée pour les interactions sociales. Aujourd’hui, le karaïm est une langue en danger, témoignant d’un héritage culturel et linguistique précieux qui mérite d’être préservé
Chant en karaim
Benjamin Siahou