Nichée au cœur du quartier effervescent d’Abbassiya au Caire, la synagogue Moshe Dari, majestueux édifice érigé entre 1925 et 1933, est l’héritage de la générosité de la veuve de Sitatah Musafi, dont le terrain fut donné en hommage au célèbre poète karaïte Moshe (Moussa) Dari.
Au fil des ans, cette synagogue est devenue le centre névralgique de la communauté juive karaïte égyptienne. Ses murs abritent quelques-uns des plus anciens textes sacrés juifs d’Égypte, des rouleaux précieux de la Torah, ainsi que la deuxième plus grande bibliothèque hébraïque du pays. Inaugurée en 1994, cette dernière recèle plus de 5 000 ouvrages écrits, témoins silencieux de l’histoire et de la spiritualité juives.
Conformément à la tradition karaïte, l’architecture singulière de la synagogue se distingue par l’absence de chaises et de bancs. Les fidèles ôtent leurs chaussures avant les services, les déposant dans des casiers situés près de l’entrée, et prient ainsi dans une atmosphère d’humilité et de dévotion.
Récemment, la synagogue Moshe Dari a fait l’objet d’une attention particulière, suite à la découverte d’un trésor inestimable en son sein : le manuscrit de Zechariah Ben ‘Anan. Ce codex biblique manuscrit, datant de 1028, avait été considéré comme perdu jusqu’à ce que l’historien israélien Yoram Meital en retrouve la trace en 2017. Il représente l’une des formes les plus complètes des Ketuvim, l’un des trois ensembles constituant la Bible hébraïque (le Tanakh, composé de la Torah, des livres des Prophètes et des Ketuvim). Ce précieux manuscrit de Zacharie Ben ‘Anan, témoin d’un millénaire d’histoire, est désormais conservé dans la synagogue, enrichissant ainsi son patrimoine culturel et spirituel.

Benjamin Siahou