La communauté karaïte a une longue histoire en Orient, mais elle a subi des épreuves qui ont fragilisé son implantation et son évolution. La première croisade de 1099 a été lourde de conséquences pour les karaïtes de Jérusalem. Ils ont été décimés par les croisés et leur puissance a été réduite à néant. De même, le combat acharné de Moïse Maïmonide et de ses descendants contre la communauté karaïte d’Égypte a également porté un coup dur au karaïsme d’Orient. Cela a conduit à une migration de karaïtes vers l’Empire byzantin, où ils ont établi des centres karaïtes dès la seconde moitié du XIe siècle.
Les karaïtes constantinopolitains ont eu une influence importante sur le judaïsme à travers leur richesse littéraire. La communauté a donné naissance à des personnalités brillantes du karaïsme comme Aaron Ben Joseph de Constantinople, Aaron Ben Elijah, Judah Hadassi, Moses Beghi, Judah Gibbor et Poki ben Eliezer. Elijah Bashyazi a rédigé un code intitulé « Aderet Eliyahu », considéré par les Karaïtes comme la plus grande autorité en la matière. C’est l’ouvrage « Seder Tefillot » (Livre de prières et d’hymnes) d’Aaron ben Joseph de Constantinople qui a été adopté par la plupart des communautés karaïtes comme livre de prières de référence.
Après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, la communauté karaïte a continué à croître et à évoluer principalement sous l’impulsion de la famille Bashiyachi. Plus tard, le centre karaïte byzantin s’est déplacé progressivement vers la Crimée et l’Europe de l’est. La migration des Karaïtes de Constantinople vers la Crimée est documentée à la suite d’un incendie dans le quartier juif de Constantinople en 1203.
Aujourd’hui, la communauté karaïte d’Istanbul compte environ 80 personnes et peine à se développer. La communauté adhère à des règles extrêmement strictes concernant les mariages mixtes, ce qui peut contribuer à la diminution de la population karaïte. Les mariages avec des Karaïtes de Crimée ne sont pas reconnus par la communauté karaïte d’Istanbul, car les mariages religieux n’étant pas pratiqués en URSS, il est impossible de retracer la judéité patrilinéaire des Karaïtes modernes vivant dans ces régions d’Europe de l’est.
L’émigration, l’assimilation et la sécularisation ont sans doute eu un impact négatif sur l’évolution de la communauté. Aujourd’hui, Il n’y a pas assez de jeunes et la plupart de ces derniers se marient soit avec des musulmans turcs, soit avec des juifs rabbiniques d’Istanbul. La sécularisation de la Turquie au cours du 20e siècle a également affecté la communauté karaïte comme toutes les communautés religieuses de Turquie.
La communauté karaïte d’Istanbul, bien que petite est le témoin de l’histoire riche du karaïsme en Orient. Son histoire et sa contribution à l’histoire du karaïsme en Orient sont considérables.
Benjamin Siahou
Un commentaire
Bonjour
Pourrais-je parler en privé à Benjamin Siahou SVP?